Note d’intention
Farandole de Solitudes est une création sur plusieurs volets autour de la question de la mort : et si nous parlions de la mort à travers le besoin nécessaire du lien, du toucher et du contact. De la douceur, de la délicatesse et de la poésie afin que nous puissions ensemble accepter la mort comme faisant partie de la vie.
Comme nous le rappelle Pascal Quignard l’étymologie latine du verbe perdre : « per dare » veut dire «donner ». Il propose d’aller plus loin en se disant que perdre est tel un don à l’infini. Comment le sentiment d’injustice de la perte d’un être cher peut-il être vécu comme un don à l’infini ? Pour se faire le spectateur est amené dans un tout autre espace temps, invité à contempler ensemble dans un temps suspendu où il n’est plus question de références mais où il est maintenant question de ressenti et de ressentir un voyage propre.
L’un des axes dans le travail de ce volet est de rendre la question de la présence et de l’absence sensible au spectateur. Comment rendre présent des êtres absents ou des entités invisibles ? Comment entrer en dialogue avec eux ? Comment se laisser guider par
eux ? Pour ce projet je souhaite proposer un bercement, bercement de toutes les solitudes en nous, bercement des peurs en nous, bercement des fantômes en nous.
Per Dare est le deuxième volet et distille de la douceur, de la délicatesse et de la poésie afin que nous puissions ensemble, à l’échelle de notre société, accepter la mort comme faisant partie de la vie.
A l’origine
Ma recherche sur les danses macabres du XVème – XVIème siècle en France est le point de départ de Farandole de Solitudes. Il y a une fascination et une peur de ces danses où chacun côtoie la mort et apprend à danser pour mourir.
Les danses macabres, en dehors des squelettes, qui peuvent impressionner, ne représentent pas une danse morbide. Au contraire, elles représentent toute la force vitale, la force créatrice, populaire et festive du vivre ensemble. A travers la danse macabre, c’est l’abolition des frontières entre le corps et le monde qui se met en scène.
L’inspiration issue des danses macabres m’a donné une ouverture pour parler de la mort dans la création, et du lien entre humain et nature pour nous aider à continuer à vivre.
Plongeon
Accepter la mort pour mieux vivre.
Accepter le lâcher prise pour mieux se métamorphoser.
Accepter l’abandon pour mieux être connecté au monde.
Comme nous le rappelle Pascale Quignard l’étymologie latine du verbe perdre : « per dare » veut dire « donner à l’infini ». Comment le sentiment d’injustice de la perte d’un être cher peut-il être vécu comme un don à l’infini ?
Solitude et identité sont synonymes pour moi. Nous sommes tous amenés à vivre des métamorphoses dans notre vie, à l’intérieur et dans notre relation aux autres. Il s’agit donc dans cette pièce chorégraphique de parler de notre solitude intime et personnelle et aussi de nos solitudes, plurielles ou collectives.
On peut parfois se sentir étouffer dans notre société occidentale par l’angoisse de mort, vécue comme un déséquilibre. Je me propose d’apprivoiser ce sentiment en regardant la mort, ma mort et celle des autres autrement que sous l’aspect tragique, violent et plein de souffrance. Le contact entre nos solitudes, qui apparaissent selon des contextes, des espaces, des langages est le lieu de petites morts. C’est donc en passant d’une solitude à une autre, d’une identité à une autre, que l’on retrouve notre équilibre.
Jeu d’équilibre, lieu de contacts entre les individus face à la mort, la danse macabre donne une représentation idéale de la mort comme un don à l’infini. Ainsi on peut, comme le conseille Guyot Marchant, « apprendre à danser pour apprendre à mourir ».
Ma solitude, mes solitudes, nos solitudes sont autant de chances de danser ensemble pour vivre plus serein et pour accepter notre vie.
Alice Kinh
L’équipe artistique / distribution
Conception et chorégraphie : Alice Kinh
Co-créé avec et interprété par : Lea Anderson
Création musicale : Maryus Vague
Création lumière et régie générale : Jérôme Baudouin
Création vidéo : Adrien Heinz
Regard dramaturgie : Emilie Léveillé
Production : Corps Paradis
Coproduction : Théâtre Auditorium Poitiers.Scène Nationale, Carré Amelot La Rochelle, Espace Mendi Zolan Hendaye
Accueil résidence : Centre Chorégraphique National de La Rochelle, La Manufacture Centre de Développement Chorégraphique National Nouvelle-Aquitaine Bordeaux • La Rochelle, Beauséjour Châtelaillon, ECLA de Saint Vallier (71), Espace Mendi Zolan Hendaye, Carré Amelot Hors les murs
Soutiens : Ville de La Rochelle, OARA (Office Artistique de la Région Nouvelle Aquitaine), La Manufacture Centre de Développement Chorégraphique National Nouvelle-Aquitaine Bordeaux • La Rochelle, La Caisse des Dépôts, SPEDIDAM
Lea commence très jeune à se former à la danse classique et contemporaine avant de se lancer pleinement dans le théâtre en intégrant l’Ecole Claude Mathieu à Paris.
Elle poursuit sa formation de comédienne à Londres au Giles Foreman Centre afin de perfectionner son anglais et d’approfondir son travail sur le corps et le mouvement. Elle y découvre le travail de Rudolf Laban et Yat Malgrem, tissant un lien étroit entre la danse et le théâtre.
De retour en France, Lea continue à s’enrichir de la diversité des techniques corporelles. Elle suit des stages Laban au CNSMD avec Angela Loureiro, des stages de Danse Contact avec Sylvère Lamotte, ainsi que des cours de BMC avec Noëlle Simonet. Elle danse dans les créations de Andreya Ouamba et Delphine Caron lors de projets menés par la MPAA. Forte d’une expérience d’interprète, Lea joue avec la musicalité du corps, sa transformation et la théâtralité du mouvement.
Prochainement, elle interprétera le rôle de Belle dans la nouvelle création de la compagnie AMAB : « La Belle et la Bête » et jouera Hamlet, la prochaine pièce de la compagnie Théâtre Les Pieds Nu en 2021.
Cédrit photo : Nathalie Lamblin
Maryus Vague, création musicale
Maryus Vague oscille entre chanson française, hip-hop, et musique électronique. Sa personnalité contemplative et ses expériences multiples lui inspirent des textes qui parlent de la condition humaine, de ce que la beauté de la nature peut dire de nos troubles intérieurs. Sa musique se veut une onde qui nous berce, nous porte et nous traverse, sur laquelle l’esprit peut naviguer ou surfer. Elle est un appel à la poésie face à l’absurdité de l’état du monde, un chant d’espoir face à l’angoisse que l’urgence permanente peut susciter.
Après une enfance parisienne près de Belleville, Maryus a suivi l’amour et rejoins l’océan en s’installant durablement à La Rochelle. Entretemps, il a voyagé aux quatre coins du monde, découvrant notamment les musiques des Caraïbes et du Brésil.
Son premier groupe fût un groupe de reggaeton, avant qu’il ne développe un groupe de jazz hip-hop acoustique, puis plus récemment un groupe de chanson électro qui allait donner vie au projet Maryus Vague, né pendant la 1ère vague de la pandémie planétaire.
Aujourd’hui et depuis 10 ans, parallèlement à sa vie d’auteur-compositeur-interprète, Maryus est entrepreneur social et un militant associatif engagé. Il a participé à fonder plusieurs associations et réseaux non-lucratifs, et il intervient en tant qu’expert auprès des
autorités françaises et européennes. De cette vie active, à la croisée des milieux sociaux, il tire la substantifique moelle de ses textes : vivre intensément à l’époque des incertitudes.
Jérôme est créateur lumière et régisseur. Après une courte carrière de responsable sécurité-environnement dans l’industrie automobile, Jérôme se lance sur les planches dans différents groupes de musique (pop, rock, électro) à la basse ou au clavier. L’attrait pour le spectacle vivant l’emmène ensuite à réaliser un stage au Théâtre des Quartiers d’Ivry pour découvrir les métiers de la lumière dans le théâtre. Il suit ensuite la formation du CFPTS « création lumière, écriture et régie » dirigée par Dominique Mabileau. Depuis, Jérôme accompagne différentes compagnies en tournée (théâtre, performance, danse, cirque) et réalise des créations lumières pour des chorégraphes, des concerts de musique classique ou des évènements comme la Nuit Blanche.
Adrien Heinz est réalisateur de documentaires, fictions, clips et vidéos expérimentales.
Né en 1977 à Paris, il vit et travaille à Paris.
De nationalité franco-autrichienne, Adrien Heinz est diplômé de l’École Nationale Supérieur des Beaux-Arts de Paris (Ensba) en 2004.
Ses films ont été projetés en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique du Sud sur des chaînes de TV, dans des festivals comme le Festival Court Métrange à Rennes en 2006, le Festival Pul’s vision à Strasbourg en 2006, le Festival Signes de nuit à Paris en 2008, le Festival international du film policier de Liège 2010, le Mois du film documentaire (2009); et dans des salles de cinéma (Cinéma la Clef à Paris en 2007, le Cinéma Le Denfert à Paris en (2009).
Il a participé à des expositions collectives notamment à la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain (Né dans la rue, 2009), au Musée des Arts et Métiers (Croyances, Paris, 2010), à la SLICK au 104, Paris (2009); à la biennale d’Art Contemporain de Bâle (2009), à la biennale d’Art Contemporain du Havre (2012) ainsi qu’à la Nuit Blanche (2012).
On retrouve dans ses films une certaine fascination pour la science fiction et le sacré. Évoquant un univers onirique, ils puisent leur inspiration aussi bien dans les sciences cognitives que dans l’univers des contes fantastiques et des mythes populaires.
Dans les projets documentaires À la recherche de l’éléphant blanc (2009), et Johnny Guitar: Collective Paper (2012), il interroge l’imaginaire collectif et la valeur accordée aux images médiatiques. Dans Tchuay Tchuay (produit dans le cadre de la Nuit Blanche à Aubervilliers en 2012), il invite le spectateur à s’immerger dans un voyage contemplatif d’images et de sons à travers le monde.
Dans son court métrage Nekya (2004), film de science-fiction, il soulève des questions métaphysiques liées aux avancées des sciences neurologiques. Les vidéos Neige poussière (2009) et Les aventures de Popples (2009), entre vidéo-clip et fiction, revisitent certaines croyances légendaires avec une esthétique contemporaine influencée par le street art.
Auteur de nombreux films et vidéos, il travaille depuis 2000 dans le milieu de l’audiovisuel et du cinéma. Il a été cameraman pour diverses chaînes de télévision et institutions telles que France 5, France 2 et M6 et a également été monteur pour des documentaires et des sujets d’actualités entre autres pour France 24 et lemonde.fr.
Crédit Photo : Bertrand Vacarisas
De la production audiovisuelle et événementielle à
l’écriture, Émilie a toujours été accompagné par le
sensible et l’authentique. Son parcours est semé de
bouchées et d’essais. À Paris, il est passé par la
production de cinéma d’auteur, par la diffusion de
compagnies travaillant autour du conte, de la danse et de
la photographie et s’est dirigé vers la promesse d’une
alternative avec le collectif autogéré La Méandre à Chalon
sur Saône où elle organise les concerts et filme ses
méandres (ateliers et teasers, captations des spectacles).
Elle réalise plus spécifiquement des vidéo-danse,
notamment pour la compagnie Voix (It-Esp-Fr) avec
Margherita Bergamo ; un film tiré du spectacle EVE- la
danse est un espace sans lieu (spectacle participatif et
poétique autour de la réalité virtuelle) a été présenté dans
plusieurs festivals de vidéo danse dont le festival
international itinérant Agite y Sirva.
Le regard vidéo-cinématographique d’Émilie accompagne
également la compagnie Corps Paradis (La Rochelle)
d’Alice Kinh sur sa pièce chorégraphique Farandole de
Solitudes, inspirée des danses macabres ; à deux, et
avec les quatre danseuses, elles ont construit une
dramaturgie en symétrie dans l’espace et les corps – pour
l’évocation de l’autre monde – qui se déroule tout en
continuum pour une expérience vibrante du lien entres
vies et morts.
Émilie poursuit son écriture et son esthétique aux travers
de courtes séries de vidéos et de photographies où
chaque cadre-histoire questionne l’identité, le soi profond,
le vide et le devenir, comme dans Ambivalence, une série
de 6 vidéos qui, en flirtant avec l’autoportrait intime et
poétique, met en exergue l’effondrement actuel de notre
environnement.
Et c’est dans cet effondrement que la contemplation
«naïve» d’un environnement lui parait nécessaire ; une
contemplation-écriture «faune» que l’on peut retrouver
dans le fanzine cabanes, paru aux éditions Super Loto,
aux côtés des peintures de Juliette Léveillé.